Vous venez tout juste d’adopter un petit chien tout neuf? Toutes nos félicitations! Cette magnifique boule de poils vous en fera voir de toutes les couleurs au cours des prochains mois. Vous travaillerez ensemble sur plusieurs aspects de son éducation. C’est certain, vous voulez que pitou apprenne à bien se comporter au quotidien. Pour ce faire, est-ce qu’il faut le féliciter quand il adopte le bon comportement ou le réprimander lorsqu’il fait une erreur? Quelles sont les bonnes méthodes à utiliser? Afin d’y voir plus clair dans le merveilleux monde de l’éducation canine, Globalvet vous fait faire un petit tour d’horizon.
Quand on se met à lire sur l’éducation canine, on se rend vite compte que deux grandes écoles de pensée circulent :
- Être le chef de meute au sein de la hiérarchie et appliquer le principe de dominant/dominé
- Éduquer son chien avec des méthodes positives et favoriser l’utilisation de gâteries pour faire des apprentissages
Est-ce que l’une est meilleure que l’autre? Voyons comment on peut tirer son épingle du jeu et mettre en place les éléments qui permettront d’établir une saine relation avec son compagnon et d’avoir un chien qui se comporte adéquatement.
LES CONCEPTS DE DOMINANCE ET DE SOUMISSION
Vous avez certainement déjà entendu ces termes! Mais d’où viennent-ils et pourquoi on parle de ces concepts? Dans les années 1940, le zoologiste Rudolf Schenkel a étudié les loups en captivité et il en est venu à la conclusion qu’il y a un mâle dominant ou « alpha », qui, par l’agression, se place en haut de la structure hiérarchique du groupe.
Est-ce que le chien descend du loup?
Le chien est en fait une sous-espèce du Canis Lupus, au même titre que le loup. Le chien et le loup ont donc un ancêtre commun. Ainsi, leur matériel génétique explique qu’il y a des similitudes entre eux. Toutefois, comme la domestication du chien a débuté il y a des dizaines de milliers d’années, le chien tel que nous le connaissons actuellement est bien différent du loup!
C’est alors que les méthodes coercitives et punitives, c’est-à-dire des méthodes d’éducation utilisant des contraintes dans le but d’amener l’animal à adopter un comportement, sont devenues très populaires. Le « dressage » était alors basé sur le fait que l’humain doit dominer le chien, que l’humain doit être le chef de meute. En plus de l’utilisation de méthodes coercitives, le dressage a aussi fait place à une façon « hiérarchique » de vivre avec le chien. Il était alors répandu d’entendre qu’il est essentiel :
- Que le chien mange après les humains de la maison.
- Qu’il passe en dernier le seuil de la porte lorsqu’on va à l’extérieur.
- Qu’il n’ait pas accès au divan et au lit auxquels les humains de la maison ont accès.
Toutefois, à la fin des années 1990, le chercheur David Mech réfute la théorie de Schenkel. En effet, il confirme qu’il n’y a pas de concept de dominance chez les loups, mais bien une organisation familiale entre les individus de la même espèce. Fascinant de voir à quel point les connaissances évoluent! Pour en apprendre plus sur le sujet, on vous conseille de regarder cette vidéo explicative en anglais, mais très bien vulgarisée sur le sujet!
L’ÉDUCATION POSITIVE ET BIENVEILLANTE
L’utilisation des méthodes positives d’éducation s’est répandue dans les années 1980-1990 aux États-Unis, alors que Karen Pryor, une auteure américaine spécialisée en psychologie comportementale, a commencé à entraîner des chiens à l’aide du clicker. Ce changement de mentalité repose aussi sur l’évolution des connaissances en comportement et psychologie canine, la spécialisation de nombreux médecins vétérinaires en comportement à travers le monde ainsi que les changements législatifs en lien avec le bien-être et la sécurité animale.
C’est alors que tranquillement, le terme « dressage » a perdu en popularité pour laisser place au terme « éducation ». On voit aujourd’hui l’éducation comme une façon d’encadrer et guider le chien dans ses apprentissages. Les chiens ont aujourd’hui une place toute spéciale dans les familles! Ils sont pour la majorité un véritable membre de la famille. L’humain est conscient des émotions que vit l’animal, et cela modifie sa façon de vivre sa relation avec lui. Il se sent davantage comme un guide et il accompagne le chien dans son développement et ses apprentissages, tout en veillant à sa santé globale, tant physique qu’affective et psychologique.
Cette façon de penser cadre bien avec l’éducation positive. Cette forme d’éducation consiste à éduquer son chien en considérant son état émotionnel et en utilisant la coopération et la motivation du chien. L’humain travaille à renforcer les bons comportements du chien et à maintenir une relation basée sur le respect.
Attention, il ne faut pas croire que l’utilisation des méthodes d’apprentissages basées sur le renforcement positif veut uniquement dire de récompenser le chien et de lui laisser faire ce qu’il veut. Une éducation positive nécessite de l’encadrement et de la constance. Elle met de l’avant les bons comportements à adopter et ne permet pas les comportements inadéquats sans toutefois les réprimander. Elle guide plutôt vers la bonne action tout en considérant l’émotion qui a amené le chien à adopter le comportement initial.
On peut faire un parallèle entre l’éducation canine positive et l’éducation bienveillante, terme qui circule dans le milieu « humain ». Dans cette forme d’éducation, le parent cherche à guider son enfant au lieu de le contrôler ou de le dominer. Selon cette approche, un besoin se cache derrière chaque comportement dérangeant et c’est au parent de regarder les situations du point de vue de l’enfant, afin de mieux le comprendre et de l’aider à développer les bons comportements. Cela permet à l’enfant de détecter ses émotions et de développer sa confiance en soi.
Autant avec l’éducation positive des chiens que l’éducation bienveillante des enfants, les valeurs sont les mêmes et le but est d’aider l’individu à s’épanouir.
Des exemples d’éducation positive
Afin de mieux comprendre toute cette belle théorie, regardons deux exemples concrets d’éducation positive :
Les invités
Le chien saute sur un invité qui entre dans la maison tout en présentant plusieurs signes compatibles avec l’émotion de joie. Ce chien saute, car il est excité, joyeux et il veut obtenir de l’attention de la part de ce nouvel ami. Son humain garde le chien en laisse à distance, il lui demande de s’asseoir, puis il permet l’interaction. Il veille ainsi à ce que l’animal apprenne que lorsque cette émotion de joie le traverse en présence d’un invité et que s’il désire se faire flatter, il doit s’asseoir. Si l’animal saute, il perd la proximité de l’invité, son humain l’attirant alors doucement vers lui grâce à la laisse et il le dirige vers le comportement adéquat en lui demandant à nouveau de s’asseoir.
Les passants de l’autre côté de la fenêtre
Le chien aboie à la fenêtre alors qu’il voit un étranger passer devant la maison. Il présente non seulement des aboiements, mais aussi plusieurs signes associés à la peur. L’humain appelle alors le chien et il lui demande d’aller sur son coussin, une zone où l’animal a l’habitude de se reposer et d’être bien. Si l’animal n’a pas encore appris à aller sur son coussin sur demande en présence de distractions, l’humain le guide vers celui-ci, au besoin en le prenant doucement par le collier. Une fois l’animal sur le coussin, il obtient une friandise, et l’humain demeure près de l’animal le temps que celui-ci retrouve un état de calme.
Pour éviter de « tomber dans le panneau »
Le monde de l’éducation canine est si vaste et si intéressant, mais il est aussi facile de s’y perdre parmi les différents points de vue. Qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est faux? Ce n’est pas toujours évident de s’y retrouver. Si vous avez des questions, vous pouvez en faire part à votre équipe vétérinaire qui se fera un plaisir de vous accompagner et de vous diriger vers des ressources complémentaires au besoin.